Guillot Boris – L’épreuve, Le défis

Épreuve pour tout le monde ? Bonne nouvelle !

Je vis dans un espace restreint de quelques mètres carrés. Avec quelques membres de la famille, qui son ma femme et mon fils. Mon esprit est brouillé, comment cela va-t-il se passer ? Et combien de temps allons-nous rester dans cette espace ?

Le jeu commence et je ne suis pas prêt, dommage, il faut faire ce test. Et le défi est le même pour tout le monde. Alors je m’y plie, je parcours ces quelques mètres en quelques pas, et je réfléchis à ces jours prochains.

J’ai enfin le temps de faire ce que j’ai envie de faire mais il me faut l’optimiser pour finir les projets qui me trotte dans la tête, ceux commencés et ceux à naître.

Mon esprit est encore très orienté travail, avec ce marathon de la performance. Mon employeur me demande de faire la même chose que d’habitude de chez moi. C’est bien, je gagne deux heures par jours en temps de transport. Mais les dojos ferment et plus moyen de vivre comme avant.

Alors je m’engage envers moi-même, à faire un certain nombre d’exercices au réveil et ce tous les jours (coupe au boken, aikishintaiso). Les jours sont ponctués par ce réveil, ces mouvements sont pour moi un exercice pour accroître ma volonté. Mon esprit est pris par ces six cents coupes du matin, et chaque jour j’obtiens ma délivrance, avec cette simple phrase « J’ai réussi une fois de plus à les faire ».

Les jours se succèdent, et je ne pense plus au temps, les projets sont finis ou en arrêt, l’ambiance à la maison est très bonne, on ne pouvait pas mieux se retrouver.

Et puis après une quarantaine de jours j’ai une douleur dans l’épaule, j’essaie de passer outre.

Mais je ne peux plus faire les coupes, alors je me mets à genou comme chaque matin, et mes genoux commencent un exercice assez redouté par mon esprit (Seiza), mes jambes se détendent et je peux enfin rester à genou. Mes yeux se ferment et je peux ressentir le silence, cette joie intérieure, me positionne dans un espace inconnu.

Et puis j’entends les oiseaux qui parlent plus fort que d’habitude. La moindre voiture, chuchotement, balai, chasse d’eau et bien d’autre petit bruit, intérieurs et extérieurs résonnent alors dans mon être. C’est l’univers, le mien. Celui dont on me parle depuis plus de dix ans sonne enfin en moi.

Toc toc ? Où suis-je ? Je regarde en moi, et je sens que ce petit foyer intérieur est apaisé. J’ai simplement l’impression d’être à l’extérieur dans la rue, dans toutes les rues que je connais si bien. Est-ce que je dois ouvrir les yeux ? Ma journée doit commencer et mon état intérieur dans cet intérieur est déjà tourné vers cet extérieur.

Les murs et les chaînes qui me semblaient solides se sont évaporés, dissous, et cela sans volonté, sans obligation. Ces moments ne sont pas quantifiables, quelques secondes ou minutes peu importe. C’est cela ma liberté ces instants cachés en moi. Et ma satisfaction est que cet endroit je l’emmène partout.

Je trouvais le zazen lointain dans ma quête personnelle, et pourtant il m’apparaît comme une étincelle qui allume une brindille. Même si un feu de grande envergure n’est pas attendu, ces sensations nouvelles sont un vrai bonheur.