Francis Bonami – Les trois je et l’étroit jeu

La maison

Sous-sol (préface)

Dans les profondes entrailles de la terre, vierge, là où respirait un éternel désir contenu, que le vent tournoyait contre les parois reculées de la solitude, dans la nuit la plus absolue, une voix soudain terrassa tout, brisa les chaines sans aucune interdiction, libera toutes les directions, aux quatre coins du monde.

Rez-de-chaussée

Désormais, s’il faut parler du je du « jeu », le jeu caractérisant l’attaque mortelle qui polarise la planète actuellement, ici, mon je « citoyen » impacté, soumis et impuissant, noyé dans une mer évènementielle d’une ampleur démesurée et mesurée, dirons nous, ne m’intéresse guerre car ne faisant partie ni de ma naissance ni de mes actes. Comment ai-je vécu le confinement ? Mais bien, rassurez vous. Toutefois, au passage, la porte de mes pensées reste ouverte aux perdants du jeu, qui n’auront pas eu la chance de vivre paisiblement une trêve de l’activité humaine française, agréablement silencieuse…

1er étage

Cette introduction afin de vous parler plutôt de mon je personnel, mon je véritable et unique – parfois éclairé (… !?) – sans oublier mon je d’enfant bien sur, ce je donc, est en même temps apitoyé et scandalisé en observant les jeux qui se déroulent devant ses yeux – des billes incrédules et intriguées, occupées à regarder une mascarade grave… et un défilé de cons ! Je continu à employer mon je à la troisième personne du singulier sauf que, à l’opposé de mon premier je, qui était littéralement submergé, mon vrai je, lui, ne se mouille pas, dans une escalade d’affaires lui semblant étrangement vérolées et bancales… Simplement désigné, intact et à l’aise dans sa carapace, solide quoi ! Et les pieds sur la terre, et la tête plus haute que les nuages.

2ième étage

Saperlipopette ! Et voilà que c’est presque et déjà l’après-guerre maintenant… Tout va si vite, aujourd’hui. Oh purée, je n’ai même pas eu le temps de vérifier les numéros du jeu que d’autres numéros chutent ou s’envolent… Grâce à qui s’il vous plaît ? Mais bien sur grâce à l’enfermement et au sacro-saint masque, que la propreté et le civisme conseille fortement d’adopter. Soit, faites comme vous voulez mais dorénavant, s’il vous plait, ne nous en séparons pas, car lorsque la guerre sera complètement terminée, et que l’homme aura vaincu son joueur de virus, jouant ses tours, (depuis qu’il existe l’homme gagne toujours, n’est ce pas), sait on jamais pourrai-il faire un réveil en trompette…

3ième étage

Le tour de manège étant accompli, pourtant un point, plus haut, reste en suspens et suggère à être davantage développé, s’agissant soit disant d’un éclairement de mon je ici présent. Encore un autre je ? Un nouveau je ? Un double je ? Plus constructif peut être ? Plus à l’écoute ? Il mérite de regarder un instant par le trou de la lorgnette. Tiens, je ne vois point de scène kaléidoscopique, qui rassemblerait de brillants morceaux changeants, mais plutôt une simple certitude. Qui connaît mon je et mon jeu par cœur. Lorsque je dis mon je, j’inclus le vôtre également, notre réel étant commun et nos ressemblances proches, en ce vaste monde les « je uns » ne vont pas sans les « je autres ».

Maintenant, surtout ne nous brulons plus les ailes en redescendant, tranquillement sur le bon vieux plancher des vaches… Ah, c’est vrai, je vois, la police sanitaire a réussit à voiler toutes les femmes…!

Bien à tous

Kacha colère au défouloir

Francis Bonami à Blagnac, le 31/05/2020